Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
livres et photos de jm bouchain
livres et photos de jm bouchain
Publicité
Archives
15 septembre 2012

MOI, MUSTAPHA, NE PLACE DIDEROT SUR LA DALLE DU VAL D'ARGENTEUIL RECIT Partie 4

suite de la partie 3                                                           copyright jm bouchain

                                                                                     xxxxxxxxxxx

La vie continua. Les vacances scolaires arrivèrent. Richard me confirma dans mes fonctions. Ses amis étaient éparpillés à travers le monde. Un matin, je quittai la dalle, avec mon skate, sans le dire à ma mère. Elle n'aimait pas cet engin. Arrivé à la gare saint-lazare, je me rendis, sans problème, jusqu'au Louvre. Je voulais visiter les bouquinistes, sur les quais.

C'est au Pont-Neuf, que l'accident arriva. Je voulais traverser le boulevard, pour me rendre au châtelet, afin de rendre visite aux animaleries. Les animaux m'émerveillaient toujours, surtout une petite chatte grise.

Au moment de changer de trottoir, je trébuchai avec ma planche, qui partit dans le caniveau, heureusement. Par contre, j'atterris dans les bras d'une bouquiniste et mon pied gauche rencontra le réverbère. Aïe! Il y eut comme un craquement dans ma cheville.

Sur le moment, la marchande de livres me traite de tous les noms tout en ramassant ses gravures. Un monsieur, très élégant, l'insulte.

- Vous ne voyez pas qu'il est blessé!

Il s'approche de moi.

- Essaie de te lever!

- J'peux pas m'sieur.

- J'espère que tu n'as rien de cassé. Ne bouge pas, je suis médecin, je vais chercher ma voiture.

Les badauds me regardent comme un singe au zoo. La bouquiniste continue de ranger ses livres.

La voiture arrive assez vite.

- Poussez-vous!  Viens, appuie-toi sur moi. Je t'emmène à mon cabinet.

Je cache ma douleur.

                                                                                             xxxxxxxxxxx

Je passe une radio chez le médecin.

- Tu as seulement une foulure. Plus question de bouger. Tu habites où?

- A Argenteuil M'sieur. Il faut que j'appelle ma mère.

- Je vais te raccompagner. J'ai besoin de ton numéro de sécu.

- S'il vous plait, ne dites pas à ma mère que j'avais mon skate!

- D'accord. Prends cette canne.

Et nous voici parti pour la Casbah.

- Vous êtes très gentil.

- Je fais mon métier, c'est tout. Et puis, c'est mon jour de repos.

- Je vous ai gâché votre journée.

- Non, pas du tout. Tu viens faire du skateboard à Paris?

- Oui, j'adore les quais, le Louvre. Tout est beau ici: l'eau, les ponts, les bateaux-mouches, le musée d'Orsay, les couchers de soleil, Notre-Dame, l'ile de la Cité. Cela me change de ma cité. Mais, j'aime bien aussi. C'est différent, c'est tout.

Nous arrivâmes très vite au Val d'Argenteuil.

- Vous passez près de Leclerc, vous tournez à droite puis à gauche et on arrivera chez moi. J'habite sur la dalle. Je suis né ici.

Ma mère, qui arrosait ses fleurs sur son balcon, me voyant débarquer, sur le parking, avec une canne et un monsieur inconnu, en laisse tomber son arrosoir. Elle m'interpelle en me parlant en kabyle. Donc, elle a peur.

- Ce n'est rien Madame, il s'est juste foulé une cheville. Il doit rester immobilisé une semaine. Il a glissé sur un trottoir.

Le médecin m'aida à m'installer dans le canapé du salon.

- Volià une feuille pour la Sécu et une ordonnance. Et mes coordonnées pour votre médecin de famille.

- Je vous dois combien, Docteur?

- Rien.

- Mais...

- Vraiment. Bon , tu ne bouges pas pendant cinq jours, Mustapha.

- D'accord M'sieur. Et merci beaucoup.

Douce mère raccompagna le médecin.

ET revint en furie.

- Il est où, ton truc, ta planche?

- Je l'ai prêtée à Driss.

- Comment oses-tu mentir à ta mère!

- Bon, oui, je suis allé à Paris, avec.

- Tu veux me faire mourir?

Tout de suite les extrêmes!

Je réalisai brusquement que je devais appeler Richard. Pourvu que je ne reste pas trop longtemps immobilisé.

L'écrivain partait en Suisse. Cela tombait bien.

                                                                                 xxxxxxxxxx

Au bout de trois semaines, j'avais un pied tout "neuf".

En rentrant du lycée, un après-midi, ma mère me tendit une lettre. Un producteur m'engageait pour tourner un film publicitaire.

- Maman, ils prennent même les arabes et les berbères, maintenant, pour faire de la pub!

- C'est bien mon fils.

- Pour vendre du couscous! répondit, en riant, mon frère.

- Non, c'est pour le lancement d'une nouvelle eau de toilette, pour hommes!

- Ah! oui, un truc de pédés!

- On va te voir à la télé, mon fils?

- Oui.

 

( à suivre)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité